Quand je m'y rends ce dimanche de septembre, la communauté libanaise est massée autour de la piscine du Diarama mais le grand immeuble du Corbusier est vide de clients. Le hall et le restaurant, banals à souhait, ont dû être rénovés dans les années 80, mais quand le concierge me guide dans les étages pour visiter une chambre, la sensation est tout autre : rien ne semble avoir bougé. on est immédiatement saisi par l'astuce (propre au maître) de la desserte des chambres : les couloirs sont sur des demi-étages qui servent de petites cages d'escaliers permettant d'accéder aux chambres des demi-étages supérieurs et inférieurs. Ainsi toutes les chambres sont traversantes et font la largeur de l'immeuble (qui -s'il donne une impression de masse vu de face, ressemble à une longue et étroite ellipse vu de profil). Un petite pensée pour Shining, quand on avance dans le long couloir sur cette moquette rougeâtre qui n'est pas d'époque, comme me le confirme mon guide.
En revanche, quand on pénètre dans une chambre (il y en a de deux sortes: les simples et les "suites" avec mezzanine, on est frappé par l'impression qu'elles donnent : celle d'être là depuis l'inauguration de l'hôtel. Ce n'est pas impossible puisque le concierge les a toujours connues et il est arrivé en 1972. Si c'est le cas, nous avons là, intactes, quelque 124 chambres entièrement meublées par le Corbusier. Rien ne permet de l'affirmer évidemment, mais ce serait une belle nouvelle si tel était le cas.