jeudi 9 septembre 2010

Francis Diébédo Kéré, de Berlin à Dakar

Francis Diébédo Kéré © DR
J'ai rencontré Francis Kéré à Bordeaux où il venait de donner une brillante conférence à "Arc-en-rêve". J'ai été frappé par son application à mener de front, à la fois une exigence technique, environnementale et esthétique, tout en gardant un pied dans sa culture vernaculaire. Le hasard fait qu'il habite aujourd'hui à Berlin, parangon s'il en est, d'une certaine modernité architecturale. Lui aussi insiste, à l'instar de Rem Koolhaas, sur la préservation d'un certain patrimoine que les architectes africains d'aujourd'hui semblent ignorer. Nous espérons que Francis Kéré viendra faire un jour quelque chose à Dakar ou du moins que sa parole porte jusque ici... où il n'y a plus d'école d'architecture depuis presque 20 ans. Deux images en regard l'une de l'autre: le Théâtre Daniel Sorano à Dakar (inauguré par Senghor en 1965) et le théâtre du peuple de Berlin (reconstruit par l'architecte Hans Richter en 1952).  

Théâtre Daniel Sorano - Dakar Plateau
L'extrait de l'entretien reproduit ci-dessous revient sur ce sujet :


Volksbühne ("le théâtre du peuple") -  Berlin


Quelle est votre vision de l'urbanisme et de l'architecture des villes africaines que vous connaissez ? Pouvez-vous donner des exemples ?

      Je regrette qu'il y ait en Afrique si peu de débats aujourd'hui sur la place de l'architecture et des architectes dans la fabrication du cadre de vie et l'aménagement du territoire. Notre rôle n'est pas seulement architectural ou urbain mais aussi politique. Les villes africaines que je connais montrent rarement une véritable personnalité architecturale contemporaine. On a le sentiment que la qualité et les savoirs faire que l'on voit dans l'architecture " vernaculaire savante ", dans l'architecture coloniale puis dans l'architecture moderniste des années 50 à 70 se sont perdus. Depuis les années 80, il y a peu de propositions satisfaisantes des points de vue culturel, esthétique et constructif.
      Sous la pression économique, on veut construire trop vite. Le béton n'a plus le temps de bien " prendre " et les maisons s'écroulent. Pourquoi ? Ceux qui dessinent et ceux qui construisent ne sont parfois pas qualifiés. (extrait d'un entretien publié sur www.africultures.com )

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire